Mon nourrisson pleure de fatigue mais ne veut pas dormir : que faire ?

|Romane Marconnes


Si vous êtes parent d’un tout petit bébé, vous avez sûrement déjà vécu cette situation déroutante : votre nourrisson est épuisé, il pleure… mais impossible pour lui de s’endormir. Cela peut sembler paradoxal, et pourtant, c’est un phénomène très courant.


Rassurez-vous : ces pleurs ne sont ni un signe de mauvaise parentalité, ni de souffrance grave, mais bien une étape normale du développement de votre bébé.

 


Comprendre la “courbe normale des pleurs”: 

Les pleurs de fatigue chez les nourrissons sont universels. Les recherches menées par le docteur Ronald G. Barr ont mis en évidence ce qu’on appelle la « courbe normale des pleurs » :

  • Les pleurs d’un bébé augmentent progressivement durant les premières semaines.
  • Ils atteignent souvent un pic autour de 6 à 8 semaines.
  • Puis, ils diminuent progressivement.

Ce phénomène est observé dans toutes les cultures et même chez certaines espèces animales, comme les chimpanzés. Incroyable, non ?

Les docteurs Thirion et Challamel expliquent également que ces pleurs du soir, souvent très intenses entre 17 h et 22 h, constituent le premier signe de mise en place de l’horloge interne du bébé, surtout à partir de 4 semaines.

En d’autres termes :

➡️ Si votre bébé pleure beaucoup le soir, cela peut être simplement le signe qu’il se développe normalement.

 

 

“Mais ces pleurs vont lui faire du mal  ?”

C’est une peur très répandue aujourd’hui. Certaines interprétations extrêmes de la parentalité dite “positive” ont laissé croire que laisser un enfant pleurer, même brièvement, pourrait être dangereux.

Il est important de faire la différence entre :

Négligence (danger)

Accompagnement des pleurs (sain et normal)

L’enfant est ignoré, laissé seul dans un état de détresse prolongée.

Le parent est présent, réconfortant, attentif aux besoins de l’enfant.


Les études montrent que les méthodes d’endormissement où l’enfant pleure un peu n’ont aucun impact négatif sur son développement émotionnel ou psychologique.

 

Les pleurs de décharge : quand bébé doit “vider son trop-plein”

Le soir, votre bébé peut être submergé par :

  • Les stimulations de la journée
  • Un temps d’éveil trop long
  • Un manque de sommeil accumulé

Dans ces moments-là, son corps produit trop de cortisol, l’hormone de l’éveil et du stress. Pour que la mélatonine, l’hormone du sommeil, puisse prendre le relais, le bébé doit évacuer l’excès de cortisol.

Et comme le bébé ne peut pas faire du sport…

➡️ Il pleure.

Ces pleurs sont appelés pleurs de décharge. Ils sont utiles, même s’ils sont épuisants à accompagner.


 

 

Comment aider son bébé à s’endormir plus sereinement ?

 

Vous pouvez mettre en place quelques ajustements simples :

  1. Respecter le temps d’éveil adapté à son âge. Un bébé trop fatigué peut avoir davantage de mal à s’endormir. Les signaux de fatigue sont parfois subtils !
  2. Favoriser des périodes d’éveil calmes
    Préférez la motricité libre, les câlins, les chansons douces. Évitez les écrans et les jouets très stimulants.
  3. Accompagner les pleurs sans chercher à les interrompre coûte que coûte. Le prendre dans les bras, parler doucement, bercer… Votre présence est déjà un immense réconfort.
  4. Veiller au nombre total d’heures de sommeil sur 24h.

En résumé : 

  • Les pleurs du soir sont normaux.
  • Ils peuvent être le signe d’un développement sain.
  • Les pleurs de décharge permettent à votre bébé de se préparer au sommeil.
  • Votre rôle n’est pas d’empêcher ces pleurs, mais d’accompagner votre enfant dans la douceur.
  • Et surtout : vous êtes un bon parent, même dans les moments difficiles.